Si les hommes connaissent cette sensation dans 95% des cas, les femmes (hétérosexuelles, nous y reviendrons) sont les grandes perdantes de ces ébats.
Pour autant, faut-il dramatiser la situation ? La sexualité doit-elle se résumer uniquement à l’orgasme ?
Longtemps considéré comme une énigme, l’orgasme féminin vous ouvre pourtant ses portes : n’ayez crainte, il ne mord pas.
Consultez une sexologue en ligne par téléphone, messagerie ou vidéo, 7 jours sur 7.Pourquoi l’orgasme chez la femme est-il encore mystérieux ?
L’orgasme féminin, cette étrangeté, ce mystère – cet ovni ! – a longtemps été réprimé, comme si les femmes n’avaient pas elles aussi droit au plaisir…
Pourtant, « orgasme » ne veut pas nécessairement dire satisfaction sexuelle. L’important est déjà de prendre du plaisir, de partager quelque chose de spécial avec son ou sa partenaire : rechercher l’orgasme « gâche » parfois l’essentiel de ce qu’il peut se passer autour.
Avoir un orgasme c’est mieux, ne pas en avoir tout le temps ne veut pas dire qu’on « loupe » quelque chose. D’ailleurs, de nombreuses femmes rapportent que leur « meilleur » rapport sexuel ne comprenait pas forcément d’orgasme.
Et obnubilée par l’orgasme, on en oublie souvent de faire l’amour : apprendre à découvrir l’autre, son propre corps, être bien ensemble, sont des étapes qui nous semblent indispensables pour se rapprocher de l’orgasme et en éprouver les sensations.
Au fil du temps, on apprend à connaître son ou sa partenaire, en même temps qu’il ou elle nous découvre ; entretenir le désir, l’excitation, le jeu de séduction, sont aussi des paramètres importants de la sexualité. Se découvrir ensemble nécessite un peu de temps, oui, mais mieux on se connaît, plus le plaisir ou l’orgasme a des chances de se réaliser.
L’orgasme chez la femme, « un plaisir venu d’ailleurs » ?
Même aujourd’hui des controverses subsistent quant à l’origine de l’orgasme ; l’orgasme provient le plus souvent du clitoris, mais il peut aussi se répandre dans le vagin comme une « onde », notamment lors de la pénétration. C’est pourquoi nous ne parlons plus vraiment d’orgasme « vaginal » ou « clitoridien ».
En fait, sous l’effet de l’excitation, le clitoris se gorge de sang ; ce qui le rend extrêmement sensible et érogène.
Mais nous ne voyons que la face visible du clitoris : les frottements d’un objet, des doigts ou du pénis peuvent donc stimuler le clitoris à plusieurs endroits en même temps – et pas uniquement à l’entrée du vagin.
Si l’orgasme chez la femme répond évidemment à des schémas complexes, il faut cependant cesser de le mystifier ou d’en faire quelque chose d’étranger : toutes les femmes peuvent avoir accès à ce plaisir.
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Définition de l’orgasme chez la femme
Le terme grec orgasmos provient d’orgâo et du verbe orgän. L’orgasme signifie donc selon les auteurs : « je suis entièrement agité » ou encore « bouillonner d’ardeur ».
Mais on peut aussi trouver dans sa racine « varg » l’idée de mouvement, de « bouger » ou encore d’« agir ». Enfin, dérivé de urg’as, orgasme peut aussi signifier « exubérance de force, énergie et jus ».
Plus concrètement, l’orgasme suit plusieurs phases : une phase d’excitation, de plateau, puis une phase de résolution.
L’orgasme est donc le pic du plaisir sexuel, déclenchant une tension sexuelle et des contractions rythmées des muscles du périnée et des organes génitaux.
Quelle est la sensation quand on jouit ?
D’un point de vue physiologique, l’orgasme survient lorsque l’excitation est la plus forte : il reflète donc l’expression d’un « plaisir intense ».
S’agissant de l’orgasme féminin, plusieurs « mécanismes » entrent en jeu.
D’abord, sous l’effet de l’excitation érotique, de la tension sexuelle et musculaire, l’entrée du vagin (son premier tiers) se gonfle ; l’ouverture se resserre et la partie du fond s’arrondit. On a remarqué par ailleurs, que le pic de l’orgasme était caractérisé par 3 à 15 contractions involontaires des muscles du vagin, de l’utérus, mais aussi des sphincters internes et externes de l’anus.
La tension artérielle, la fréquence cardiaque, augmentent généralement ; les pupilles peuvent se dilater, le visage se crisper, même si toutes ces réactions sont variables selon les femmes. De la même manière, nous ne vivons pas toutes le même orgasme, qui peut différer selon le partenaire, le moment, et d’autres contraintes psychologiques.
Ce phénomène souligne l’importance et le rôle fondamental du psychologique dans les sensations orgasmiques ; notamment en fonction de l’âge, du degré d’excitation, du contexte, du partenaire, de l’éducation et de la culture.
Combien d’orgasmes une femme peut-elle avoir ?
L’orgasme dure généralement plusieurs secondes (3 à 25 secondes) ; cela varie aussi selon les femmes, jusqu’à 2 min.
Certaines felles peuvent même ressentir plusieurs orgasmes lors d’un même rapport sexuel ! On parle alors de multi-orgasmie, et ce phénomène concerne principalement les femmes, même si certains hommes peuvent également être multi-orgasmiques.
Par ailleurs, l’augmentation du taux d’ocytocine chez la femme semble aussi augmenter parallèlement l’intensité de l’orgasme.
Comment atteindre l’orgasme ?
Toute stimulation érotique, et pas seulement dans la zone génitale, peut théoriquement conduire à l’orgasme.
En effet, la pénétration n’est qu’un moyen parmi d’autres – et pas forcément le meilleur moyen – d’obtenir un orgasme. Plusieurs études ont démontré que les zones dites « érogènes » n’étaient pas les seules à pouvoir provoquer une excitation sexuelle intense.
Et d’ailleurs, les zones érogènes ne fonctionnent pas toutes de la même façon, ni même de la même manière selon les femmes. Même les mots peuvent induire un orgasme, sans aucune stimulation physique, comme le rapporte une étude de 1990 de Whipple et coll. !
L’imaginaire semble donc avoir un rôle déterminant dans l’orgasme : certaines femmes connaissent même un orgasme en rêvant…
Doit-on nécessairement courir après l’orgasme ?
Tout le monde ou presque est capable d’avoir un orgasme en solitaire : s’il y a frustration, c’est que les règles du jeu ne sont peut-être pas encore équitables.
Pour le dire autrement, tous les partenaires ne sont pas altruistes – ou sont enfermés dans des clichés, et/ou une vision erronée de la sexualité.
Mais les choses ne sont pas aussi simples : elles sont même profondément enracinées dans notre histoire, notre culture, notre éducation et nos habitudes.
Si les hommes font parfois peu d’efforts, jeter des pierres à l’aveuglette ne fera pas non plus avancer le « schmilblick », comme on dit… Pourtant, il est avéré que les lesbiennes ont plus d’orgasmes que les hétérosexuelles. Pourquoi ?
Peut-être que les hommes doivent changer, que la masculinité doit être redéfinie, afin d’engager enfin un renouveau de la sexualité ; mais les femmes doivent aussi pouvoir parler : douleurs, manque de plaisir, absence de désir (ça arrive à tout le monde), etc.
Il n’y a aucune raison que lors d’un rapport sexuel, le plaisir ne soit qu’orienté pour l’un ou pour l’autre (sauf contrat explicite) ; plutôt que de courir après l’orgasme, prenons du plaisir, et pensons à l’autre.
Quelle sexualité demain ?
Peut-être pouvons-nous un jour espérer une sexualité libérée de l’angoisse de la performance ? De la course à l’orgasme ? Une sexualité fondée sur l’égalité des sexes, non pas pour l’un ou pour l’autre, mais dans une volonté de n’oublier personne…
Cela veut donc dire repenser le fondement de nos relations. Particulièrement en couple, où l’engagement, les sentiments, la sexualité, sont partagés. Il est différent de vivre avec quelqu’un qui ne fait pas l’effort de nous faire jouir, qu’avec quelqu’un qui n’y arrive pas…
Et d’ailleurs, lorsqu’on interroge certaines femmes, l’orgasme ne signifie pas nécessairement « plus de plaisir ». Il n’est donc pas forcément un indicateur de satisfaction sexuelle, justement parce que les orgasmes n’ont pas tous la même origine, la même intensité, la même relation à l’autre.
Quelle place pour la pénétration dans l’orgasme chez la femme ?
Nous savons aujourd’hui que les femmes qui ont le plus d’orgasmes sont celles qui diversifient leurs pratiques : caresses, sexe oral, pénétration, etc.. Très peu de femmes ont en réalité un orgasme seulement lors de la pénétration vaginale !
Précisément parce que l’excitation n’est pas forcément synchronisée entre les partenaires. Plus alarmant, nombreuses sont celles à avoir eu mal lors d’un dernier rapport, comme le rapporte l’étude du Journal of Sexual Medicine, en 2015.
Quelque chose semble donc « clocher » : mauvaise communication ? Indifférence du partenaire ? Pratiques « phallo-centrées » ?
Sûrement un mélange de ces différentes combinaisons (et plus), qui conduisent les hommes à penser que l’orgasme féminin est une pierre précieuse, une exception – voire l’un des douze travaux d’Hercule.
On ne peut pas leur jeter la pierre ; toute la littérature de la fin du XXème siècle va en ce sens : complexité des émotions, liens étroits entre relationnel et plaisir, « mais aussi la résultante de toute une alchimie neuro-fonctionnelle », selon les mots du Dr Stéphanie Ortigue et Francesco Bianchi-Demicheli dans la Revue Médicale Suisse (2006)…
Certes, l’orgasme féminin est sûrement plus complexe, mais arrêtons de le sacraliser, ou de conforter les hommes dans l’idée qu’il est « trop » complexe : toutes les femmes peuvent l’atteindre. Et sont en droit de le souhaiter.
Adaptons nos pratiques, modifions nos relations, notre rapport à la sexualité, dans le fond, communiquons et cessons de nous auto-saboter mutuellement…
“Au-delà de la pénétration”, vers l’orgasme féminin ?
Titre de l’ouvrage de Martin Page, Au-delà de la pénétration pose de nombreuses questions sur le rapport homme/femme et la place de la pénétration.
Mais il pose aussi la question de l’identité sexuelle ; car le rapport pénétrant/pénétré établit inconsciemment un rapport de force entre l’homme et la femme. Et contribue à élaborer des frontières invisibles – pour ne pas dire des barreaux – entre les individus.
Si le plaisir est une notion centrale de la sexualité, alors revoyons notre méthode. Comme le dit ironiquement Martin Page, « si la sexualité était une question de plaisir, les femmes seraient moins pénétrées et les hommes le seraient davantage. »
Exploration réciproque, inventivité, partage… Les réflexions sur l’identité sexuelle doivent justement permettre de dépasser cette notion (un jour ?), afin de tendre vers une sexualité au-delà du genre.
Car peut-être qu’au fond le mystère de l’orgasme chez la femme n’est pas si profondément caché, mais qu’il ne s’offre pas n’importe comment, et qu’il nécessite certaines conditions ; là où l’homme expulse son orgasme, de façon presque trop efficace, et au détriment parfois de plus de jeux…
Pour conclure : le cerveau est-il au cœur de l’orgasme chez la femme ?
L’orgasme féminin serait peut-être moins complexe, si nous nous donnions la possibilité de changer nos rapports. Et si notre éducation sexuelle était différente…
Par exemple, de nombreuses femmes subissent leur sexualité et tous les clichés autour de leur plaisir ; inhibant parfois inconsciemment leur désir, le « lâcher prise » ou un état de détente suffisant pour s’épanouir.
Prendre du plaisir seule est déjà une bonne manière de connaître son corps et son rapport à l’orgasme… Comment espérer d’un autre qu’il nous fasse jouir, si nous ne sommes pas capable d’y arriver seule ?
Ensuite, rien n’interdit de parler pendant l’amour, d’aider son partenaire, lui apprendre ce qu’on aime, ce qu’on désire, ce qui nous excite, etc. Et surtout, l’orgasme n’est pas nécessairement la consécration d’une relation ; la qualité d’une relation sexuelle repose justement sur nos relations.
Soignons nos relations donc… Peu de femmes seront capable de prendre du plaisir ou jouir sans un minimum de rapprochement émotionnel : phénomène que certains auteurs traduisent par « le cerveau au cœur du plaisir féminin ».
Le cerveau, lui aussi, peut-être séduisant.
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