L’asexualité, pour donner une définition la plus large possible, est le fait de ne ressentir aucune attirance sexuelle pour quelqu’un d’autre et/ou pour soi-même. Par conséquent, une personne asexuelle n’éprouve pas non plus de désir sexuel.
Par ailleurs, une majorité de personnes asexuelles revendiquent l’asexualité comme une orientation sexuelle à part entière, malgré « l’absence » presque systématique de sexualité (des liens relationnels suffisamment forts permettent parfois aux asexuel.l.es d’avoir des relations sexuelles).
En outre, il ne faut pas confondre l’abstinence sexuelle et le célibat, qui renvoient à des choix moraux et/ou personnels.
Mia fait le point sur la question de l’asexualité comme orientation sexuelle, et déconstruit le mythe de la « normalité » en sexualité.
Consultez une spécialiste de la santé sexuelle et du bien-être par téléphone, messagerie ou vidéo, 7 jours sur 7.Asexualité VS libido : qu’est-ce qu’une libido « normale » ?
Oui, la question qui se pose ici dans cette notion d’asexualité, est la définition d’une libido « normale » ; est-ce que l’absence de désir sexuel est obligatoirement une pathologie, comme le pensent encore certains auteurs ?
Or, rien n’est moins évident que n’éprouver aucun désir sexuel – de manière durable – soit le signe d’une pathologie.
En fait, cette question soulève de nombreux points intéressants : ceux de nos préjugés en matière de sexualité, profondément enracinés dans l’histoire de la psychiatrie et de la sexologie.
Car en quoi « ne pas avoir envie de faire l’amour » devrait-il être un symptôme sexuel, un trouble du désir ou encore le signe d’une perturbation hormonale ? Ne devrions-nous pas avoir d’autres marqueurs pour considérer nos sexualités ?
La question du bien-être, selon nous, est au cœur de cette problématique. Là où certains individus souffrent de leur sexualité ou de dysfonctions sexuelles, l’asexuel n’exprime aucune souffrance.
Le mouvement AVEN
Depuis 2001, le mouvement AVEN (Asexual Visibility and Education Network) exprime la revendication asexuelle en opposition à un « monde sexué ». Les asexuel.l.es n’ont jamais eu aucun désir sexuel pour quiconque et exigent du respect et de la reconnaissance, vis à vis de leur sexualité, encore méconnue.
L’identité asexuelle et le désintérêt pour la sexualité fondent ainsi une nouvelle identité et orientation sexuelle : chez les personnes asexuelles, l’absence d’attirance sexuelle constitue une existence non sexuée et une orientation à part entière.
Les asexuel.l.es ont cependant des attirances romantiques (sans désir sexuel). On classifie ces attirances en différentes catégories :
- Hétéroromantique : l’attirance romantique pour les personnes d’un sexe opposé. Il s’agit de l’aspect romantique de l’hétérosexualité ;
- Homoromantique ou l’attirance romantique pour les personnes d’un même sexe. Il s’agit de l’aspect romantique de l’homosexualité ;
- Biromantique ou l’attirance romantique envers deux sexes (ou plus ; pas nécessairement en même temps). Il s’agit de l’aspect romantique de la bisexualité ;
- Panromantique : il s’agit d’une attirance romantique pour toutes les personnes, indépendamment de leur sexe. Il s’agit de l’aspect romantique de la pansexualité ;
- Aromantique : il s’agit de l’absence d’attirance romantique ;
Le fait de revendiquer ces différents points est en fait fondamental : l’asexualité (pour les asexuel.l.es n’est pas un trouble du désir sexuel (ou trouble du « désir sexuel hypoactif »), rentrant dans la catégorie du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), publié sous la direction de l’Association américaine de psychiatrie.
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L’asexualité contre le mythe de la performance ?
L’asexualité dénonce aussi sûrement le culte moderne de « la performance », ainsi qu’une certaine conventionalité des mœurs.
Il n’était par exemple pas si loin l’époque où sexualité et reproduction n’étaient pas dissociés ; ce qui a hélas retardé les autorisations de la contraception féminine, ou encore la dépénalisation de l’IVG.
On a aussi vu une classification des comportements sexuels émerger, avec des définitions (souvent laborieuses) de normes, opposant le « normal » (ou vraisemblable) du “pathologique”.
Or, depuis des décennies, la question de savoir si la fréquence de nos rapports sexuels est raisonnable ne fait qu’évoluer, ainsi notre perception de l’orgasme. En bref, nos sexualités évoluent et se révèlent, en même temps que de nouvelles définitions émergent.
Alors, n’est-il pas grand temps de repenser nos vieilles catégories normatives ? Comment penser les sexualités aujourd’hui sans tomber dans les préjugés ou les croyances ?
Aujourd’hui, dans un contexte où les sociétés occidentales commencent à reconnaître de nombreuses identités de genres, avec des formes de sexualités différentes, l’asexualité est une entité bien distincte de l’abstinence religieuse et/ou morale.
Ce qui en fait tout son intérêt.
Espérons qu’un jour, nous soyons capables de mieux comprendre les différences et de les accepter, au lieu de vouloir faire de la sexualité une histoire de normes, fondée sur l’exclusion et la mécompréhension.
Discutons un peu !
Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux :
« La baisse du désir sexuel peut être globale et concerner toutes les formes d’expression de la sexualité ou peut être situationnelle et limitée à un partenaire ou à une activité sexuelle spécifique. Le sujet est peu motivé dans la recherche des stimuli et éprouve peu de frustration quand il est privé de la possibilité d’une activité sexuelle. Habituellement, il ne prend pas l’initiative d’une activité sexuelle ou ne s’y livre qu’avec réticence quand son partenaire en prend l’initiative.»
Or, aucune trace de la notion de souffrance dans cette définition.
Peut-on vouloir affirmer qu’une personne qui est « privée » de libido est forcément un.e souffrant.e qui s’ignore ? Comment justifier le devoir de « soigner » cette personne, qui n’exprime pas systématiquement une forme de souffrance ?
La question se pose aussi dans le cadre de l’asexualité ; qui aujourd’hui encore peut nous dicter une norme en matière de désir sexuel ?
L’asexualité est-elle la réaction « normale » de défense face à la suprématie pornographique ? Face au « tout sexuel » ou encore au « culte de la performance » ?
Cela nous pousse à nous interroger sur nos définitions du « normal » et du pathologique ; et surtout à remettre en cause leur légitimité.
Et rien que pour ça, nous pouvons remercier les asexuel.l.es. Ne pas avoir de sexualité par choix est une sexualité à part entière : toutes les orientations doivent être respectées, l’important étant d’être heureux avec ça.
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